Le commerce équitable est-il compatible avec l'économie de marché ?

L'émergence du commerce équitable s'est faite en réaction, aux mécanismes du libre échange poussé à l'extrême qui permet à la poignée de société de commerce international qui contrôlent l'achat de matières premières dans le monde et qui imposait des prix d'achat dérisoires aux petits producteurs agricoles des pays en voie de développement.

D'une certaine façon, le commerce équitable est une réaction à certains excès de l'économie de marché mondialisée. Mais, en même temps, si pendant longtemps, le commerce équitable s'est fait en marge de l'économie traditionnelle via des associations qui ne pouvaient assurer qu'une diffusion confidentielle des produits équitables, le véritable essort du commerce équitable qui ne continue à ne représenter que 0,1% du commerce mondial, n'existe que depuis que des associations comme Max Havelaar ont créé un système privé de labelisation qui permet à des marques ordinaires de faire du commerce ordinaire.

Donc, sauf à remettre en cause le principe de l'économie de marché (qui semble être le moins mauvais des systèmes économiques), le commerce équitable doit s'adapter à l'économie de marché.

Il y a plusieurs raisons positives à cela: l'économie de marché offre plus de souplesse que les économies régulées: elle permet à des industriels d'entrer rapidement en contact avec des groupements de producteurs qui peuvent dans des délais relativement rapides développer leur production et améliorer leurs revenus.

La grande question de fond est lorsque ce sont des grands distributeurs qui font du commerce équitable, ils ne quittent pas leurs pratiques critiquables. Même s'ils obligent leurs fournisseurs à acheter des matières premières à des prix équitables, ils continuent d'avoir les mêmes pratiques. Dans le reportage "Equitable à tout prix" diffusé sur France 5, le 12 mai 2009, Hubert Dubois relatait que Carrefour, 6 mois, après avoir référencé la marque de chocolat Escale Equitable (fabriqué par la même société que celle qui vend le café Lobodis), avait lancé son propre chocolat bio en s'adressant au même fabricant Natrazahor et exercé des pressions sur ce dernier afin qu'il le livre en priorité sur Escale Equitable, qui n'a pas être en mesure de livrer les quantités prévues dans le contrat avec Carrefour et qui a été déréférencé. Carrefour a donc fait disparaître une marque de chocolat équitable pour vendre des chocolats équitables à sa place.

Même à l'intérieur du cadre du commerce équitable, les enjeux économiques devenant de plus en plus important, on peut donc, voir ressurgir une certaine violence.

La violence économique est consubstantielle au monde des affaires, où l'on voit se cotoyer des entrepreneurs avides qui souhaitent développer à tout prix leur chiffre d'affaires et leurs bénéfices aux côtés d'entrepreneur moins gourmands.

Et c'est bien là, l'enjeu du commerce équitable, juguler l'avidité de certains pour les empêcher de pousser à la faillite d'autres.

Les régles actuelles du commerce équitables ne garantissent pas cela, mais elles vont dans le bon sens. Nous en sommes au début du chemin et il y a fort à parier que les régles deviendront de plus en plus précises dans les années qui viennent.