COP28: l'échec de l'écologie, la victoire des cyniques

COP28: les media annoncent un accord historique alors qu'il n'y a eu aucun engagement, les lobbies de l'énergie ont été hyper-actifs mais les énergies renouvelables progressent. Comment s'y retrouver ? Vers quel avenir nous dirigeons-nous ?

J'ai été perturbé par le discours ambigu de personnalités françaises engagées, dans l'écologie ou la transition énergétique: elles restaient très évasives sur le fond.

Certains chiffres permettent de sortir du brouillard.

Les scientifiques avaient indiqué qu'il fallait réduire, d'ici 2030, de 40% les émissions de CO2 pour limiter le rythme du réchauffement.

Si 100% des pays tiennent les engagements non contraignants pris, les émissions diminueront au mieux de 2%.

Donc, on est certain que les émissions de CO2 ne diminueront pas d'ici 2030 et il n'y a aucun signe qui montre que le monde ait changé de direction.

Cela signifie pas qu'il faut baisser les bras.

Mais voici ce qui ressort de la COP28

Le nombre de participants a atteint un record (entre 80 000 et 100 000 participants selon les sources) avec une forte progression de la présence des grandes entreprises (pétroliers, cimentiers...) venues sentir l'air du temps, nouer des deals, vendre leurs technologies "vertes pales" ou encore leur vision subjective de la "neutralité carbone".

On est accro à l'énergie issue des hydrocarbures, dont la consommation n'a jamais été aussi élevée.

Le paradoxe est que les énergies renouvelables n'ont jamais produit autant non parce que les renouvelables se substitueraient aux énergies fossiles qui continuent de progresser mais parce que la demande globale d'énergie continue de progresser et que les renouvelables comblent une partie de l'augmentation de la demande.

Signe parmi tant d'autres que la direction n'a pas changée, Airbus a annoncé parallèlement à la COP, prévoir un doublement du marché des services à l'aviation (maintenance, modernisation) dans les 20 ans à venir parce que le trafic aérien a atteint un plus haut historique. Aucune technologie d'aviation "verte" n'est au point (en particulier, pas l'hydrogène).

Pourquoi parle-t-on d'accord historique ?

Parce qu'il faut envoyer des signaux positifs, éviter d'affoler les populations et sortir la tête haute de ce haut lieu de la diplomatie mondiale.

J'ai aussi regardé l'historique des auteurs des articles qui reprenaient la prose des communiqués officiels: ce sont, souvent, des auteurs qui ne s'intéressent à l'écologie qu'à la marge. C'est le cas notamment d'un édito désarçonnant de Libération intitulé "Accord historique de la COP 28 : un bon début". Je pensais que le début des COPS, c'était il y a 27 ans...

L'éditorialiste s’extasiait sur les talents de négociateur du Sultan et sur le fait que la COP28 "restera comme la première à avoir pointé la cause du dérèglement climatique et non ses seules conséquences".

Youpi ! Il y de quoi se réjouir !

Bref, plus que jamais, c'est à nous d'agir pour pouvoir regarder nos petits enfants sans rougir de honte